Que faut-il dire aux complotiste
LE SEL DE LA TERRE
ÉDITORIAL
Que faut-il dire aux complotistes ?
La rage est passée de mode. Le fascisme lui-même semble vieillir. Pour noyer son chien, aujourd’hui, il faut l’accuser de complotisme : argument sans réplique, qui permet de disqualifier d’un seul mot et de façon définitive n’importe quel adversaire.
La tendance n’est pas nouvelle [1], mais s’est nettement renforcée au cours des mois passés. La grosse presse multiplie les dossiers alarmants sur le sujet. Avec sa finesse coutumière, elle clarifie d’emblée la situation grâce à un lumineux schéma binaire : d’un côté les gens raisonnables ; en face, les complotistes, tous amalgamés dans la même catégorie infamante en iste. Les gentils et les méchants. Ou plus exactement : les gens instruits (educated people) et les ploucs. Aucune catégorie intermédiaire ou divergente, aucune autre grille d’analyse, aucun effort pour cerner davantage la complexité du réel. Les lecteurs risqueraient de…